Dans la hotte du Père Noël cette année, il y a :
- Un écureuil à l'instinct de propriété poussé jusqu'à l'absurde : "C'est mon arbre", Olivier Tallec aux éditions Pastel

- Un ours et une belette qui ont une notion plutôt vague de ce qu'est un partage équitable : "Deux pour moi Un pour toi" Jörg Mühle aux éditions Pastel

- Un loup qui emmène ses quatorze loupiots à son travail : "Le Grand Méchant Loup et ses 14 loupiots" Christine Naumann-Villemin, David B. Draper aux éditions Mijade

- Des ours polaires qui ont trop chaud sur leur tout petit bout de banquise : "Un jour d'été" HeyJin Go chez Maison Eliza

- Une taupe qui décide de partir à la chasse au trésor sans savoir ce que peut bien être un trésor : "La chasse au trésor de Monsieur Taupe" Katarina Gorelik, éditions Sarbacane

- Une rencontre insolite entre Jules, une petite souris qui s'efforce de rester en vie face à plein de menaces, et un renard : "Jules et le renard" Joe Todd-Stanton, à L'école des loisirs

- Une jolie fable écologique sur la biodiversité : "Il y avait une maison" Philippe Nessmann et Camille Nicolazzi, éditions La cabane bleue

À 18 ans, Pierre
Un nouveau livre de Vincent Villeminot est toujours un petit évènement tant cet auteur a la capacité de se renouveler et surprendre ses lecteurs à chaque roman. Après le très politique, très engagé et n’ayant pas peur des mots, remarquable Nous sommes l’étincelle (Pocket jeunesse), Vincent Villeminot nous emmène une fois encore, avec Ciao Bianca, là où nous ne l’attendions pas. Matthieu, 21 ans a quitté la maison familiale depuis trois ans lorsqu'il apprend le décès de sa mère Bianca. Il savait qu'elle était malade mais n'était pas allé la voir et n'avait pas non plus revu les jumeaux, ses demi-frère et sœur. Il n'avait surtout pas prévu que Bianca, d'origine italienne, avait organisé ses obsèques dans le moindre détail, l'embarquant dans un voyage vers la Sardaigne en compagnie des jumeaux. Ce que Bianca n’avait pas envisagé, ce sont les quelques petits imprévus (une panne de voiture, des papiers oubliés, un plongeon de téléphone portable dans un port) qui vont venir perturber cette équipée et obliger la fratrie à improviser une partie de son périple. Ces quelques jours en dehors du temps, vont permettre à Mathieu, Milena et Gavino de se ré-apprivoiser, de se retrouver, tout en rendant un hommage chaleureux et émouvant à leur mère Bianca. Le moment venu, ils offriront aussi à Mathieu l’occasion d’expliquer les raisons de son départ en coupant les ponts avec sa famille. Il y a dans ce roman, lumineux malgré le sujet, des scènes magnifiques et des moments de grâce, sans pathos, sans débordement inutile d’émotion. Il y a des regards, des gestes, des mots, qui disent tout de l’affection que ces trois êtres se portent. Il faut lire Ciao Bianca, pour l’histoire que ce superbe roman raconte mais aussi et avant tout, pour les mots, pour la fluidité de la langue de Vincent Villeminot.
Garance et Adam sont en classe prépa et pour eux, c’est une évidence, ils sont faits l’un pour l’autre, font des projets d’avenir, de carrière, d’enfants mais lorsque Adam tombe gravement malade, tout bascule pour Garance. Adam refuse la transfusion sanguine, le seul traitement qui pourrait le sauver. Garance découvre alors qu’il est témoin de Jéhovah, tout comme sa mère qui semble avoir une grande influence sur lui. Adam est majeur et personne, pas même le corps médical, ne peut aller contre sa volonté. Pour son premier roman à destination des adolescents, Sophie Adriansen aborde le délicat sujet des dérives sectaires sous plusieurs angles et parle du désarroi des proches non croyants face à des décisions radicales. Pour Garance, il est impossible qu’Adam ne revienne pas à la raison. Ce qui coule dans nos veines, au-delà de la lecture addictive qu’il suscite, bouscule le lecteur et interroge sur la radicalité de certaines croyances.
Cécile Alix
Christine Féret-Fleury
Bertrand Puard